lundi 24 septembre 2012

Ultra Raid de la Meije


Dimanche 23 septembre, 3h30 du matin, le réveil sonne. Après n'avoir quasiment pas dormi à cause de la journée qui nous attend et au briefing d'hier soir (soyez très prudent, vous êtes en haute montagne, hélicoptère pour vous, barre rocheuse de 100m, sentiers en dévers avec corde pour se sécuriser,..), Ludo et moi se préparons pour notre grosse échéance annuelle: 110 kms de VTT et 5000 m de D+. Nous partons dans l'inconnu: arriverons nous a tenir, combien de temps mettrons nous? Nous n'avons aucune référence puisqu'il s'agit de la 2ème édition et la 1ère a été écourtée pour cause de mauvais temps.




4h30, nous nous présentons au depart avec environ 40 autres participants. le départ est donné et les premiers mètres nous mettent de suite dans le bain: à peine sortis du village de villar d'arène que nous attaquons des pentes à 20%. Au bout de 2 kms, nous posons le pied à terre, l'ascension est trop dure. Nous remontons sur le vélo et nous progressons vers le col du Lautaret assez rapidement. Ça y est, une première difficulté est passée. Nous redescendons sur 200m et une longue, très longue ascension vers le col du Galibier commence. Je m'étais dit: "pour tuer le temps, nous discuterons avec Ludovic". Hors de question de parler: la pente nous en empêche et il faut rester concentré. Le sentier n'est pas très roulant et il faut bien choisir les endroits où passer. Il doit faire 2°C au col à 2600 m lorsque, à 6h30, nous attaquons un portage de 100m de D+ pour franchir le col et basculer dans la descente.


Ça y est, la descente arrive: "enfin un moment ou nous allons pouvoir récupérer". Impossible, nous attaquons un petit sentier très technique. Pour certains passages, nous sommes obligés de descendre du vélo. À peine arrivés en bas que la 2ème difficulté nous attend et sans doute la plus difficile: le Col de la ponsonniere à 2600 m d'altitude. Nous attaquons un petit GR et un portage de 40 m nous attend. Au milieu de l'ascension, nous nous arrêtons au 1er ravito. Pour l'instant, on gère très bien: on s'alimente bien et on est parti dans un rythme raisonnable sans s'arrêter.

Nous continuons notre ascension et nous commençons à doubler quelques VTTistes partis sans doute trop vite. Un dernier sentier en balcon nous emmène jusqu'au col. Les 2 premières grosses difficultés de la journée sont derrière nous....

La redescente est technique mais nous enchaînons sur un bon rythme. Les moments pour récupérer se font rares.

Le sentier du Roy est magnifique. Nous prenons conscience que nous vivons des moments incroyables de partage, d'aventure sportive et humaine. Rares sont les épreuves sportives qui vous permettent de vivre des moments comme ceux la. Et la journée n'est pas terminée...
Nous sommes à 50 kms de course lorsque nous repassons au Col du lautaret. Nous en profitons pour bien nous ravitailler, déposer quelques affaires chaudes. Frédéric Frech, 1er du parcours Elite, parti 2h30 après nous, nous rejoint, il est impressionnant de facilité et de fraîcheur: il repart devant nous.
Dans cette partie de course, nous enchaînons les ascensions et les descentes jusqu'au kms 80. Nous prenons une piste qui nous emmène au fond d'un vallon.


Nous enchaînons les difficultés les unes après les autres mais il faudra aller puiser très loin au fond de soi pour franchir cette difficulté.

Arrivés en haut, le spectacle est superbe: nous sommes seuls entourés de montagnes aux couleurs automnales. La redescente sur le petit village de Besse en Oisans va durer longtemps, très longtemps. Il s'agit d'une succession de virages relevés. Sans aucun doute la plus belle de la journée.

Arrives a Besse, nous nous ravitaillons un bon moment. Je sature en sucre: ce sera donc chips et cacahuètes.
La dernière grosse difficulté est devant nous et nous sommes partis depuis plus de 10h.
Nous attaquons cette dernière difficulté tranquillement. Ludo commence à avoir très mal au genou: on ne va pas s'arrêter la et il faut tenir jusqu'au bout.
La piste est belle et roulante. Dans l'ascension, la première féminine elite nous double: on l'encourage, elle nous encourage.
C'est dur pour tout le monde et chacun est en train de repousser ses limites. Les derniers lacets sont devant nous. Encore un dernier effort et nous sommes sur le plateau.

Après 2-3 kms sur le plateau, nous attaquons la dernière redescente sur la grave. Par manque de lucidité, je tombe sans grande conséquence. À cause de la fatigue, en me relevant, j'ai la tête qui tourne. Je me pose 2-3 mins, bois un coup et c'est réparti. Les derniers kms sont devant nous et nous franchissons la ligne tous les 2 à 18h30 après 14h de course.

La satisfaction est à la hauteur de l'épuisement.
Nous l'avons fait!

Quelques chiffres:
  • Frédéric Frech gagne en 9h30
  • 50% d'abandon sur le 110 kms
  • Seul 15 élites passent les barrières horaires
    

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